L' île des chasseurs d'oiseaux de Peter May

♥♥ Un polar ? oui mais pas seulement …

Babel noir, ISBN 978-2330001339, 9,70 €

 

Marqué par la mort récente de son fils unique, l’inspecteur Fin Macleod et envoyé sur son île natale de Lewis car un meurtre vient d’y être commis selon la même mise en scène que celui sur lequel in enquête à Edimbourg. La tempétueuse île de Lewis, au nord de l’Ecosse, semble sortie d’un autre temps : on se chauffe à la tourbe, on pratique le sabbat chrétien, on parle la langue gaélique. D’autres traditions y perdurent comme cette expédition organisée chaque été, qui conduit un groupe hommes sur l’îlot rocheux inhospitalier d’An Sgeir où ils tuent des milliers d’oiseaux nicheurs destinés à la consommation.

 

Cela faisait un petit moment que je ne m’étais pas penchée sur un bon polar (je m'explique ... pas trop gore en fait …) quand celui-ci me tend les bras à la bibliothèque. Je regarde les notations et critiques, et là "Bing !!" J’avais pris le livre qu’il fallait lire ! Donc, là autant vous dire que je me suis mise le doigt dans l’œil ! Polar oui mais pas seulement …

Ce livre est un livre que je caractériserai de livre dense, pensé et complexe. Le limiter à un simple polar serait injuste. Le rythme et la construction de l’histoire, l’intrigue, le personnage principal et l’ambiance sont autant d’atouts que possède ce livre.

Une des caractéristiques d’une grande partie de ce livre, c’est en effet son rythme ; lent, descriptif, et posé. En même temps, Peter May bouleverse régulièrement la chronologie des événements en faisant des retours en arrière dans le passé. Ces retours réguliers brouillent alors ma vision de l’histoire à mon plus grand plaisir tout en apportant aussi des éléments nouveaux.

L’intrigue est bonne, bien montée, subtile, dérangeante, compliquée, et noir à souhait.

Ce qui m’a également plu dans ce livre, c’est de connaître tout ce qui entoure le personnage principal, Fin, son passé, ses parents, son île, ses amis, son école, ses profs : que cela soit important ou pas. Cela lui confère beaucoup relief, ce que l’on trouve rarement dans les polars. On rentre dans sa tête, on vit à ses côtés et on avance avec lui dans l’enquête. Les morceaux du puzzle se mettent en place très lentement et on doit prendre son temps pour comprendre ce qu’il se passe… Jusqu’au moment où tout s’emballe et on comprend comment et pourquoi l’auteur nous a mené jusque-là !

L’ambiance enfin de ce livre est incroyable et c'est le grand plus du livre. Cette ambiance, on la doit à cette île de Lewis si bien décrite dans le livre. Cette île existe bien dans la réalité et vous trouverez quelques informations sur Wikipedia.

On devine facilement à travers ce livre cette vie déconnectée du continent, rude, difficile, la plupart de l’année plongée dans le froid (on ne dépasse pas en été les 16°C !), ces croyances ancrées dans la vie des habitants, et ces blackhouses (littéralement "maisons noires") typiques de l’île. L’auteur renvoie souvent à cette couleur du noir dans ses descriptions et beaucoup d'actions se passent également le soir, ou la nuit. En fait, Peter May n’aurait pas pu trouver meilleur environnement pour son roman.

 

Ce roman fait partie d’une trilogie : « l’île des chasseurs d’oiseaux », « L'homme de Lewis » et « Le braconnier du lac perdu ».


A ce propos, je recommande le livre de photos de David Wilson « l’Ecosse de Peter May » qui propose des photos incroyables pour ceux qui aime cette trilogie.


Mandarinette